A. Inversion ou excursion?

 La force du champ magnétique et son orientation varient au fil du temps; à tel point que la polarité des pôles magnétiques peut s'inverser. On sait que ce phénomène s'est déja produit à de nombreuses reprises par le passé.

 Les scientifiques ont ainsi identifié la dernière inversion du champ magnétique il y a 780 000 ans (appelée inversion Matuyama-Brunhes) mais les évènements antérieurs montrent que la durée moyenne entre deux inversions est en général beaucoup plus courte. Entre les inversions proprement dites, le champ magnétique terrestre est également sujet à des variations d'intensité et de position. En effet, les pôles magnétiques peuvent s'éloigner rapidement et de façon remarquable des pôles géographiques avant de s'en rapprocher, et ce sans qu'il y ait inversion: on parle alors d'excursion géomagnétique, ce type d'évènement s'est déjà produit à plusieurs reprises depuis 780 000 ans, les deux plus récents datent de quelques dizaines de milliers d'années.

 Les résultats des travaux de paléomagnétisme publiés dans la revue Eath and Planetary Sciences Letters: une étude sur des laves de la chaîne des Puys en Auvergne a d'abord permis de dater avec précision les deux plus récentes excursions magnétiques. Celle appelée Laschamp se serait produite il y a 34 200 ans et celle appelée Mono Lake il y a 41 200 ans, avec des durées de 1 500 et 700 ans. Mais l'équipe menant ces travaux a surtout évalué l'évolution de l'intensité du champ magnétique et donc sa vitesse de diminution au début de ces deux périodes pour en conclure qu'elle est pour l'excursion de Laschamp, semblable à la présente diminution de l'intensité du champ magnétique constatée depuis deux siècles, à tel point que l'on peut se demander si une telle rapidité ne serait pas caractéristique d'un événement géomagnétique prochain (inversion ou excursion) .

 En effet, depuis le milieu du XIXe siècle l'évolution de l'intensité du champ magnétique est suivie, elle montre une baisse régulière de l'ordre de 5% pour 100 ans qui, si elle continue à ce rythme, pourrait aboutir à une valeur quasi nulle d'ici 1 500 ans, et donc probablement à une inversion des pôles. Mais cela reste une déduction à prendre avec précaution, car les variations d'intensité ont été nombreuses à la baisse comme à la hausse par le passé, sans qu'un événement marquant se produise systématiquement.

 Ces informations poussent naturellement à s'interroger sur le moment où une nouvelle inversion se produira.